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parlé au roi ; le roi veut absolument vous parler. » À quoi il répondait flegmatiquement : « C’est bon » ; et il gagnait ainsi du temps.

On ne pouvait rien faire à l’Hôtel de Ville qu’on n’eût repris Pétion. On imagina d’envoyer demander à l’Assemblée qu’elle le réclamât. Quelques députés, au bruit du tocsin, s’étaient rassemblés, toutefois en petit nombre ; ils ne décrétèrent pas moins, comme Assemblée nationale, que le maire devait paraître à la barre. Pétion, sommé au nom du roi de rester, au nom de l’Assemblée de partir, opta de bon cœur pour l’Assemblée, ne fit que la traverser, retourna à pied chez lui. Cependant sa voiture restait, comme pour le représenter, dans la cour des Tuileries ; jusqu’à quatre heures, on eut au château la simplicité de croire qu’il allait revenir d’un moment à l’autre et se replacer dans la main de ses ennemis.

Les amis de Pétion le reçurent joyeusement, mais le consignèrent, fermèrent les portes sur lui, jugeant avec raison que, dans ce moment d’action, l’idole populaire n’était bonne à nulle autre chose. L’ayant maintenant en sûreté, ils étaient libres d’agir. Les commissaires des sections remplacèrent l’ancienne Commune au nom du peuple, maintinrent à leur poste le procureur de la Commune Manuel et son substitut Danton, et firent donner par le premier l’ordre d’éloigner du Pont-Neuf l’artillerie qu’y avait placée le commandant de la garde nationale. Ils rétablirent ainsi la communication des