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sans y être autorisé par le conseil général de la Commune ? Voilà ce que Danton devait examiner ; il n’osa le faire. Disons-le (c’est la parole la plus dure pour un homme qui, toute sa vie, eut l’ostentation de l’audace), il eut peur devant Marat.

Peur de rester en arrière, peur de céder à Marat et à Robespierre la position d’avant-garde, peur de paraître avoir peur.

Faut-il supposer aussi qu’il était parvenu à se faire croire à lui-même que cette barbare exécution était un moyen d’aguerrir le peuple, de lui donner le courage du désespoir, de lui ôter tout moyen de reculer ? qu’il le crût, le 2, lorsqu’on massacrait les prisonniers politiques ? qu’il le crût, le 3, le 4, lorsqu’on massacrait des prisonniers de toute classe ?… Il accepta jusqu’au bout l’horrible solidarité. Misérable victime, dirai-je, de l’orgueil et de l’ambition ? ou d’un faux patriotisme, qui lui fit voir dans ces crimes insensés le salut de la France ?

Et cependant, quelque horrible système qu’on voulût se faire de l’utilité d’un massacre politique, il devenait évident que celui-ci n’avait plus ce caractère. Le 4 septembre, il y eut très peu de meurtres politiques ; un seul est bien constaté : celui d’un certain Guyet, que le comité de surveillance envoya à l’Abbaye et qui fut tué à l’instant.

Le 4 mit le comble à l’horreur.

Déjà, depuis trente-six heures, des bandes sorties de Paris allaient menacer Bicêtre. Ceux qui avaient