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doivent respecter (puisque nous en sortons tous).

Hâtons-nous de dire que, de ces deux brigands, l’un fut plus tard guillotiné, comme chef d’une bande de voleurs ; l’autre, Charlat, fut massacré à l’armée par ses camarades, qui ne voulurent pas souffrir parmi eux cet homme infâme.

Ce fut une scène effroyable de les voir partir de la Force, emportant au bout des piques, dans cette large et triomphale rue Saint-Antoine, leurs hideux trophées. Une foule immense les suivait, muette d’étonnement. Sauf quelques enfants et quelques gens ivres qui criaient, tous les autres étaient pénétrés d’horreur. Une femme, pour échapper à cette vue, se jette chez un perruquier ; et voilà la tête coupée qui arrive à la boutique, qui entre… Cette femme, foudroyée de peur, tombe à la renverse, heureusement de manière qu’elle tombe dans l’arrière-boutique. Les assassins jettent la tête sur le comptoir, disent au perruquier qu’il faut la friser ; ils la menaient, disaient-ils, voir sa maîtresse au Temple ; il n’eût pas été décent qu’elle se présentât ainsi. Leur caprice était, en effet, d’exercer sur la reine ce supplice atroce et infâme de la forcer de voir le cœur, la tête et les parties honteuses de Mme de Lamballe, — ce cœur qui l’avait tant aimée !

On craignait extrêmement pour le Temple. L’intention des meurtriers, manifestée de bonne heure, fit craindre à la Commune deux choses, en effet, très funestes : ou que le roi et sa famille, des otages si précieux, ne fussent égorgés, ou que l’Assem-