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nationale. Ils firent entendre que tout était fini, parlèrent du massacre comme d’un fait accompli. L’un d’eux, Truchon, exposa avec douleur les faibles résultats que son intervention avait produits à la Force. Mais Tallien et un autre ne firent pas difficulté d’exprimer une sorte d’approbation de la juste vengeance du peuple, qui d’ailleurs n’était tombée que sur des scélérats reconnus ; ils parlèrent du désintéressement des massacreurs et de la belle organisation du tribunal de l’Abbaye. — Tout cela écouté dans un morne silence.

Toute puissance publique se trouvait paralysée. Les ministres, généralement, ne voyaient rien à faire que de quitter Paris.

Et toute puissance morale semblait anéantie de même. Robespierre était caché. Il avait quitté, cette nuit, la maison des Duplay et s’était réfugié chez un de ses fervents disciples, qui venait d’arriver à Paris, qui alors n’était pas connu, qui depuis le fut trop, Saint-Just. Robespierre, assure-t-on, ne se coucha même pas.

Si l’on en croyait Thuriot, ami, il est vrai, de Danton, celui-ci eût été le seul, dans cette terrible nuit, qui restât debout et ferme, « qui fut décidé à sauver l’État ».

Le violent et colérique Thuriot avait dit une belle parole, en s’opposant, dans l’Assemblée, aux exigeances meurtrières de la Commune : « La Révolution n’est pas à la France ; nous en sommes comptables à l’humanité. » On a droit de supposer qu’il