Cela eut lieu le 4 septembre. Il y avait trois jours que Maillard siégeait immuable, condamnait et absolvait. Il avait sauvé quarante-deux personnes. La quarante-troisième était difficile, impossible à sauver, ce semble. C’était M. de Sombreuil, connu comme ennemi déclaré de la Révolution. Ses fils étaient à ce moment dans l’armée ennemie, et l’un d’eux se battit si bien contre la France qu’il fut décoré par le roi de Prusse. La seule chance de Sombreuil, c’est que sa fille s’était enfermée avec lui.
Quand il parut au tribunal, ce royaliste acharné, ce coupable, cet aristocrate, et qu’on vit pourtant un vieux militaire qui à d’autres époques avait bravement servi la France, Maillard fit effort sur lui-même et dit une noble parole : « Innocent ou coupable, je crois qu’il serait indigne du peuple de tremper ses mains dans le sang de ce vieillard. »
vingt ans, le 2 septembre, à deux heures, au moment même où le tocsin sonnait, pénètre intrépidement à la prison avec la carte et les insignes d’un commissaire. Les prisonniers n’osèrent le suivre, soit qu’ils doutassent du succès, soit qu’ils craignissent de compromettre ceux qui n’auraient pu s’évader. La nuit vint, et dans cette nuit de terreur l’humanité fut plus forte dans ce cœur vraiment héroïque. 11 prit une échelle, l’appuya au mur de Saint-Firmin, à deux pas des sentinelles, et, dans cet extrême péril, attendit huit heures que les prisonniers échappassent. Douze prêtres furent sauvés par lui. L’un d’eux tomba et se blessa ; Geoffroy-Saint-Hilaire le prit dans ses bras, le porta dans un chantier voisin. Et il revint encore à l’échelle ; mais le jour venait ; il fut aperçu des sentinelles et reçut dans son habit un coup de fusil.
À celui qui avait montré une si courageuse sympathie pour la vie humaine, Dieu accorda pour récompense de pénétrer le mystère de la vie, d’en comprendre les transformations, comme nul ne le fit jamais. Cet héroïsme de tendresse lui révéla la nature, il y pénétra par le cœur.