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Tout ceci n’était pas fort encourageant pour les commissaires des sections envoyés à l’Hôtel de Ville. Comment remplaceraient-ils l’ancienne Commune royaliste et se constitueraient-ils souveraine autorité de Paris ? C’était toute la question. Le tocsin sonnait de tous côtés sans produire de grands résultats. L’armée de la cour était debout dès longtemps et l’arme au bras ; l’armée de l’insurrection était dans son lit ; il n’y avait pas quinze cents personnes rassemblées autour des Quinze-Vingts. Seulement, en regardant dans les longues et profondes impasses qui s’ouvrent sur les rues du faubourg Saint-Antoine, on commençait à voir s’agiter les lumières, les hommes aller et venir. Quelques-uns des plus diligents étaient sur leurs portes, tout prêts, armés, et attendaient les autres. Beaucoup étaient paresseux ; ils entendaient bien sonner, mais ce n’était pas l’usage de commencer l’émeute en pleine nuit ; il y avait là-dessus une tradition établie.

Ce retard était effrayant. Plusieurs des commissaires de sections, réunis à l’Hôtel de Ville, en étaient à regretter qu’on eût fait sonner le tocsin. L’ancienne Commune s’était écoulée ou à peu près. Mais, pour constituer la nouvelle, les commissaires ne se voyaient pas suffisamment appuyés. Ce qui ajoutait à leur embarras, c’est que la cour avait en ce moment un grand otage dans les mains, le maire populaire de Paris, Pétion. Elle avait aussi Rœderer, procureur-syndic du département. Elle