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vement. Il invita les présidents de toutes les sections à se réunir chez lui pour entendre, disait-il, un rapport du ministre de la guerre sur les préparatifs du départ des volontaires. Cette assemblée étant réunie et formant une sorte de corps qu’on pouvait en quelque sorte opposer au conseil général de la Commune, on lui proposa, on lui fit voter une mesure très hardie, dont l’effet eût été de neutraliser en grande partie la Commune en l’égalant ou la dépassant dans l’élan révolutionnaire. On décida qu’indépendamment de la solde, on assurerait aux volontaires un fonds pour subvenir aux besoins de leurs familles ; — de plus, qu’on porterait à soixante mille les trente mille hommes demandés par l’Assemblée à la ville de Paris et aux départements limitrophes, en complétant par la voie du sort ce que l’enrôlement volontaire n’aurait pas donné ; — troisièmement, qu’on créerait une commission de surveillance pour l’emploi des armes (elles étaient en effet odieusement gaspillées, souvent volées et vendues), et que l’on fondrait des balles en employant même le plomb des cercueils.

Cette proposition était triplement révolutionnaire. Elle faisait par la simple autorité de Paris trois choses que l’Assemblée seule semblait avoir le droit de faire : elle frappait un impôt (durable et considérable) ; elle changeait le mode de recrutement, en rendait les résultats certains, précis, efficaces ; elle doublait le nombre d’hommes demandé par une loi. Si Pétion réunit chez lui les commissaires de sections pour