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dans la Commune était de savoir si elle allait lancer un mandat d’amener contre le ministre de l’intérieur, l’envoyer à l’Abbaye. Un fonctionnaire, ainsi dénoncé et suspecté, eût été annulé par cela seul, quand même la constitution de 1791 lui aurait permis d’agir ; mais cette constitution, combinée pour énerver le pouvoir central au profit de celui des communes, ne permettait au ministre d’agir que par l’intermédiaire même de la Commune de Paris, qu’il s’agissait de réprimer.

Pour mieux paralyser Roland, le 2 septembre, à six heures, pendant le massacre, deux cents hommes entourèrent tumultueusement le ministère de l’intérieur, criant, demandant des armes. Que voulait-on ? Isoler M. et Madame Roland, terrifier leurs amis, faire comprendre que les soutenir en toute mesure de vigueur, c’était les faire massacrer.

Les deux cents criaient à la trahison, brandissaient des sabres. Roland était absent. Madame Roland ne s’effraya pas ; elle leur dit froidement qu’il n’y avait jamais eu d’armes au ministère de l’intérieur, qu’ils pouvaient visiter l’hôtel, que, s’ils voulaient voir Roland, ils devaient aller à la Marine, où le conseil des ministres était assemblé. Ils ne voulurent se retirer qu’en emmenant comme otage un employé du secrétariat[1].

Quant au ministre de la justice, Danton, on a vu

  1. Un employé, dit Roland lui-même (lettre du 13 septembre), et non un valet de chambre, comme le dit Madame Roland dans ses Mémoires. Écrits sur des souvenirs, ils sont ici fort inexacts. Elle croit que le massacre commença à cinq heures. Elle dit que Danton alla, le 2, au comité de