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fallait faire. En même temps, comme pour démentir ce semblant d’humanité, il autorisa les sections « à empêcher l’émigration par la rivière ». Il appelait émigration la fuite trop naturelle de ceux qu’on massacrait au hasard et sans jugement.

Le maire de Paris était annulé depuis longtemps. La Commune avait usurpé, une à une, toutes ses fonctions ; elle le faisait en quelque sorte garder à vue. Pétion ne logeait pas même à l’Hôtel de Ville, mais à la mairie (c’est aujourd’hui, nous l’avons dit, la Préfecture de police, au quai des Orfèvres), sous l’œil hostile, inquiet du comité de surveillance, qui siégeait dans le même hôtel, en maître absolu, entouré de ses agents. Pétion, le 2 et le 3, écrivit à Santerre, commandant de la garde nationale, lequel ne répondit pas. Et comment aurait-il répondu ? C’était Panis, le beau-frère de Santerre, qui venait d’introniser Marat au comité de surveillance, Marat, le massacre même.

Les autorités de Paris ne pouvant rien ou ne voulant rien, il restait à savoir ce que pourraient les ministres.

Les ministres girondins avaient été atteints la veille, percés, et de part en part, des traits mortels de Robespierre. Les meneurs de l’Assemblée, ces traîtres, ces amis de Brunswick qui lui faisaient offrir le trône, où fallait-il les chercher ?… Robespierre avait-il nommé Roland et les autres, on ne le sait ; mais il est sûr qu’il les désignait si bien que tout le monde les nommait. Le 2, le 3 et le 4, toute la question débattue