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élève cruellement à force de coups, et qui, en de pareils jours, le rendent au premier venu ; il y avait entre autres un petit perruquier qui tua plusieurs hommes de sa main.

Toutefois, l’enquête qu’on fit plus tard contre les septembriseurs[1] ne mentionne ni l’une ni l’autre de ces deux classes, ni les soldats du Midi, ni la tourbe populaire, qui, sans doute, s’étant écoulée, ne pouvait plus se trouver. Elle désigne uniquement des gens établis sur lesquels on pouvait remettre la main, en tout, cinquante-trois personnes du voisinage, presque tous marchands de la rue Sainte-Marguerite et des rues voisines. Ils sont de toutes professions : horloger, limonadier, charcutier, fruitier, savetier, layetier, boulanger, etc. Il n’y a qu’un seul boucher établi. Il y a plusieurs tailleurs, dont deux Allemands ou peut-être Alsaciens.

Si l’on en croit cette enquête, ces gens se seraient vantés non seulement d’avoir tué un grand nombre de prisonniers, mais d’avoir exercé sur les cadavres des atrocités effroyables.

Ces marchands des environs de l’Abbaye, voisins des Cordeliers, de Marat, et sans doute ses lecteurs habituels, étaient-ils une élite de maratistes que la Commune appela pour compromettre la garde nationale dans le massacre, le couvrir de l’uniforme bourgeois, empêcher que la grande masse de la garde

  1. Je dois la communication de cette pièce importante et de plusieurs autres à l’obligeance de M. Labat, archiviste de la Préfecture de police, que je ne puis trop remercier.