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bourg Saint-Antoine répondit, et tout le reste de la ville. Les sections, on l’a vu, étaient d’accord ; quarante-sept sur quarante-huit avaient voté la déchéance du roi. Le 9 août, avant minuit, elles avaient fait l’acte décisif de nommer chacune trois commissaires, pour se réunir à la Commune, sauver la Patrie. Tel fut le pouvoir général et vague qui leur fut donné. Ces commissaires furent pour la plupart des hommes obscurs, inconnus ou du moins fort secondaires. Ni Marat ni Robespierre ne fut nommé, ni aucun des grands chefs d’opinion. Pour Danton, il était déjà, ainsi que Manuel, dans l’ancienne municipalité. Ces commissaires s’en allèrent un à un à l’Hôtel de Ville, sans armes ; on les laissa entrer. Ils trouvèrent l’ancien conseil de la Commune en permanence, mais fort peu nombreux, toujours décroissant de nombre. Sous l’Hôtel de Ville, à l’arcade Saint-Jean, principale issue de la rue Saint-Antoine qui débouchait dans la Grève, une force considérable avait été postée par le commandant général de la garde nationale, Mandat, zélé fayettiste, royaliste constitutionnel. Cette force lui répondait de l’Hôtel de Ville, gardait le passage ; elle avait pour instruction, si le faubourg descendait, de le laisser passer et le prendre en queue. Mandat avait de plus mis de l’artillerie au Pont-Neuf, de sorte que si le faubourg poussait jusque-là, il y était foudroyé et ne pouvait opérer sa jonction avec les Cordeliers et le faubourg Saint-Marceau.