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Il lui proposa de voter : « Que quiconque refuserait de servir de sa personne ou de remettre ses armes fût puni de mort. »

Et Lacroix (qui alors appartenait à la fois aux Girondins et à Danton) demanda de plus : « Qu’on punît de mort aussi ceux qui, directement ou indirectement, refuseraient d’exécuter ou entraveraient de quelque manière que ce fût, les ordres donnés et les mesures prises par le pouvoir exécutif. »

L’Assemblée parut approuver ; mais, au lieu de voter sur-le-champ, elle ajourna, elle ne voulut rien décider sans l’avis de sa commission extraordinaire (Vergniaud, Guadet, la Gironde). Elle chargea cette commission de rédiger les décrets, déjà très bien rédigés, et de lui présenter la rédaction à six heures du soir.

C’était un retard de quatre heures. Il a reculé peut-être d’un siècle les libertés de l’Europe.

Danton porta alors la peine de sa mauvaise réputation, de ses tristes précédents. L’Assemblée lui refusa les moyens de sauver l’État. Elle n’osa confier un tel pouvoir à un homme si suspect.

Deux choses le firent échouer : 1o Roland ne vint point, ne l’appuya point, Danton parut seul, il sembla qu’on demandait pour lui seul un pouvoir illimité ; 2o tout en demandant que l’Assemblée concourût avec les ministres à diriger le mouvement du peuple, il loua les mesures prises par la Commune ; il dit ces paroles : « Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme ; c’est la