suspectes, enfermés dans les prisons de Paris, Orléans et autres, seront mis à mort. »
Quant à la dictature, elle était plus difficile encore à organiser que le massacre. Nul homme n’était assez accepté du peuple pour l’exercer seul. Il fallait un triumvirat. Marat le disait lui-même.
Le prophète Marat, que Panis venait d’introniser au comité de surveillance, ne laissait pas que d’effrayer parfois ses propres admirateurs. Mais son extrême véhémence semblait appuyée, autorisée par Robespierre, qui, la veille au soir, avait dit qu’il fallait remettre l’action au peuple. Marat était déjà au comité, Robespierre vint siéger au conseil général.
Le troisième triumvir, s’il fallait un triumvirat, ne pouvait être que Danton. Celui-ci était douteux. Il faisait, en toute occasion, l’éloge de la Commune, et son ami Thuriot l’avait fait aussi le jour même, tout en proposant un projet qui neutralisait la Commune. Était-il véritablement pour la Commune ou pour l’Assemblée ? On ne le voyait pas bien. Depuis le 29, il ne venait plus à l’Hôtel de Ville. Aimerait-il mieux partager le nouveau pouvoir avec Marat et Robespierre, ou rester ministre de la justice, ministre tout-puissant par suite de l’annihilation de l’Assemblée, recueillant les fruits du massacre sans y avoir participé, devenant enfin le seul homme de la situation entre la Commune ensanglantée et la Gironde humiliée ? C’était là la question ; la dernière opinion n’était pas sans vraisemblance. Danton était