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vers une heure ; mais alors il était trop tard, la tempête était déchaînée.

Revenons au matin, replaçons-nous dans la Commune.

Que voulait-elle ? Que voulaient les quelques membres qui menaient le conseil général ? Que voulait la majorité du comité de surveillance ? Sauver la patrie sans doute, mais la sauver par les moyens que Marat conseillait depuis trois ans : le massacre et la dictature.

Le massacre n’était pas encore si facile à amener qu’on eût pu le croire, quelle que fût la terrible agitation du peuple, et ses paroles violentes. Dans la nuit et le matin, les furieux bavards qui prêchaient dès longtemps la théorie de Marat coururent les assemblées des sections à peu près désertes, réduites à des minorités imperceptibles, qui décidaient pour le tout. Ils y demandèrent, obtinrent des arrestations individuelles qui valaient des arrêts de mort. Mais, quant aux mesures générales, il semble que leurs paroles n’aient pas trouvé assez d’écho. Il n’y eut que deux sections (celle du Luxembourg et la section Poissonnière) où la proposition d’un massacre des prisonniers ait été accueillie. Deux sections sur quarante-huit votèrent le massacre. La section Poissonnière prit l’arrêté suivant :

« La section, considérant les dangers imminents de la patrie et les manœuvres infernales des prêtres, arrête que tous les prêtres et personnes