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pourrait avoir besoin le pouvoir exécutif. Appel direct à l’intérêt ; la Commune allait devenir une pépinière d’hommes d’État à qui le Gouvernement confierait des missions honorables ou lucratives.

Il arriva à Thuriot ce qui arrive à ceux qui comptent trop sur la pénétration des Assemblées. Son profond maître, Danton, l’avait, ce jour, apparemment trop bien endoctriné, trop dressé à l’hypocrisie. L’Assemblée ne comprit pas. Thuriot avait tant loué la Commune que l’Assemblée crut la proposition favorable à la Commune ; elle pensa que celle-ci, commençant à s’effrayer, lui faisait faire par Thuriot une ouverture de conciliation. Elle reçut la proposition très froidement, ne se douta nullement de l’avantage qu’il y avait à la voter sur l’heure. Elle demanda un rapport, attendit et ajourna. Le rapport vint vers midi, et peu favorable. Les Girondins, qui le firent, n’aimaient rien de ce qui venait des amis de Danton. Ils le croyaient l’homme de la Commune, comme il l’avait été au jour du 10 août ; ils ne comprenaient rien aux ménagements de ce politique. Le projet leur déplaisait encore comme augmentant l’importance de Paris, régularisant et fondant cette puissance jusque-là irrégulière, constituant un corps redoutable avec lequel toute Assemblée serait forcée de compter. Ils auraient voulu d’ailleurs que la Commune fût entièrement renouvelée. Ils n’entraînèrent pas l’Assemblée, qui, comprenant à la longue l’utilité de la proposition, finit par voter contre les Girondins pour le dantoniste Thuriot. Cela eut lieu