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n’est rien autre chose que le nom d’un sixième membre ajouté ainsi après coup, et ce sixième est Marat.

    épreuves, auxquelles ils ne résistent point, spécialement par une très minutieuse chronologie des jours et des heures. C’est là surtout où je les prends. — Le premier de ces menteurs, tantôt par omission et tantôt par commission, c’est le Moniteur, toujours dans la main des puissants, toujours mutilé ou falsifié par eux dans les grandes crises. Qu’on en juge par l’importante séance du 1er septembre, où l’Assemblée rapporta son décret contre la Commune du 10 août. Le Moniteur, alors revu par les Girondins, ne dit pas un mot de cette concession humiliante de l’Assemblée : on la retrouve aux Archives nationales dans les Procès-verbaux manuscrits de l’Assemblée législative. Le 6 septembre, le même journal, sous l’influence de la nouvelle puissance, la Commune, donne un récit mensonger des commencements du massacre, récit équivoque, qui touche à l’éloge : « Le peuple prit alors la résolution la plus hardie », etc. J’apprécierai les documents divers et les principaux narrateurs, celui surtout que tous ont copié, le libelliste Peltier, qui, dans l’année même (1792), débarquant à Londres, encore tout ému de peur et de rage, comptant bien la France morte, assassinée par l’Europe, a cru qu’on ne risquait guère à marcher sur un cadavre et cracher dessus. Les Anglais, pour qui l’auteur écrivait, ont couvert ce livre d’or, l’ont appris par cœur.

    Toutes les presses de l’Europe ont été employées à répandre l’infâme légende. Circulant de bouche en bouche, elle a créé à son tour une fausse tradition orale. Plus d’un historien s’en va recueillant de la bouche des passants, comme chose de tradition, d’autorité populaire, ce qui primitivement n’a d’autre origine que ce bréviaire de mensonges.