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sonnifié, l’homme qui, depuis trois ans, demandait le 2 septembre. Le 2 encore, Robespierre parla pendant le massacre, et nullement pour calmer, loin de là, d’une manière extrêmement irritante.

L’introduction de Marat fut très illégale, tout extraordinaire. Nul magistrat de la Ville, nul membre de la municipalité, spécialement du comité de surveillance, ne pouvait être pris hors du conseil général, hors de la grande Commune populaire des commissaires de sections qui avaient fait le 10 août. Marat n’était point de ces commissaires ; il ne pouvait être élu. Mais Panis, à la fois par Santerre et par Robespierre, pesait d’un tel ascendant sur la municipalité qu’elle l’autorisa à choisir trois membres qui complétassent le comité de surveillance. Panis, investi de ce singulier pouvoir d’élire à lui seul, n’osa pourtant l’exercer seul. Le matin du 2 septembre, il appela à son aide ses collègues Sergent, Duplain et Jourdeuil, et ils s’adjoignirent cinq personnes, Deforgues, Lenfant, Guermeur, Leclerc et Durfort. L’acte original, muni des quatre signatures, porte à la marge un renvoi[1], paraphé confusément par un seul des quatre. Ce renvoi[2]

  1. Cet acte, aussi irrégulier dans la forme que coupable dans le fond, est conservé, en original, aux archives de la Préfecture de police. L’arrêté de la municipalité, sur lequel il s’appuie, ne se trouve point au registre des Procès-verbaux de la Commune (Archives de la Préfecture de la Seine.)
  2. Qu’il me soit permis de le dire, je marche seul dans ces sombres régions de septembre. Seul. Nul avant moi n’y a encore mis le pied. Je marche, comme Énée aux enfers, l’épée à la main, écartant les vaines ombres, me défendant contre les légions menteuses dont je suis environné. Je leur ai opposé à tous une inflexible critique, les contrôlant par diverses