méprisait Robespierre, comme un politique timide, sans vues, sans audace. Ils s’étaient visités un jour, et Marat, voyant que Robespierre n’entrait pas entièrement dans ses idées de massacre, qu’il gardait encore quelque scrupule de légalité, avait levé les épaules.
La répugnance était réciproque. Celle de Robespierre pour Marat est probablement ce qui empêcha celui-ci, après l’ovation qu’on lui fit à la Commune, d’en devenir membre. Le 23 août, toutefois, la Commune décréta qu’une tribune serait érigée dans la salle pour un journaliste, pour M. Marat. Son influence allait croissant ; dès lors, sans doute, Robespierre eût craint de s’y opposer ; il recommanda Marat aux assemblées électorales. Ce fut l’homme de Robespierre, Panis, sa créature, son servile disciple, celui qui, encore une fois, ne passa jamais un jour sans le consulter, ce fut lui qui, le 2 septembre, établit au comité de surveillance (vrai directoire du massacre) l’exterminateur Marat.
Robespierre a dit hardiment qu’il n’avait rien fait au 2 septembre. En actes, rien, cela est vrai. Mais, en paroles, beaucoup, et, ce jour-là, les paroles étaient des actes. Le 3, l’affaire une fois lancée (plus sans doute qu’il ne voulait), il fit le plongeon et ne parut plus. — Mais, le 1er septembre, il avait couvert les violents de son autorité morale, conseillant à la Commune de se retirer, de s’en remettre à l’action du peuple. Le 2, son homme, Panis, intronisa à l’Hôtel de Ville le meurtre per-