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dirigées contre la Commune. Il n’aurait pu, sans se contredire étrangement, proposer de laisser voter le peuple au gré d’une Assemblée suspecte. Remettre au peuple le pouvoir signifiait évidemment : déposer le pouvoir légal pour s’en rapporter à l’action révolutionnaire des masses, en appeler au peuple contre l’Assemblée.

Le nouveau conseil n’étant pas élu et l’ancien se retirant, Paris serait resté sans autorité. Si la Commune du 10 août, la grande autorité populaire, qui semblait avoir sauvé déjà une fois la patrie, déclarait elle-même qu’elle ne pouvait plus rien pour son salut, à qui remettait-elle le pouvoir ? À nul autre qu’au désespoir, à la rage populaire. Disant qu’elle n’agirait pas, que c’était aux masses d’agir, elle agissait en réalité, et de la manière la plus terrible ; c’était comme si elle eût retiré sa défense de la porte des prisons, l’eût ouverte toute grande… Le massacre était vraisemblable ; mais l’excès même du désordre, l’effroi de Paris, eussent eu l’effet nécessaire de ramener la Commune. On allait venir à genoux la rechercher, la rappeler ; elle rentrait en triomphe dans l’Hôtel de Ville. La nullité de l’Assemblée était définitivement constatée ; la Commune de Paris, la grande puissance révolutionnaire, régnait seule et sauvait la France.

On connaît trop bien Robespierre pour croire que le premier jour il ait précisé ses accusations. Présentées d’abord sous des formes vagues, à travers des ombres terribles, elles n’en avaient que plus d’effet.