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vous avez décrété, il y a deux jours, que la Commune a bien mérité de la patrie ; cette rédaction ne vaut rien ; il faut un nouveau vote, où l’on dira expressément les représentants de la Commune. » En effet, tout en louant la Commune en général, on aurait bien pu plus tard rechercher, poursuivre tel ou tel de ses membres pour tant d’actes illégaux. La nouvelle rédaction leur assurait à chacun le bill d’indemnité le plus rassurant. L’Assemblée ne voulut pas chicaner dans un tel moment ; elle vota ce qu’on voulait.

La séance de la Commune reprit à cinq heures du soir. Et d’abord il paraît que le décret pacifique de l’Assemblée n’y était pas connu encore. Robespierre y parla des nouvelles élections. Mais le décret ayant sans doute été connu pendant la séance, Robespierre, enhardi par les tergiversations de l’Assemblée, reprit la parole sur un ton très différent, avec une violence inattendue. Il parla longuement des manœuvres qu’on avait employées pour faire perdre au conseil général la confiance publique, et soutint que, tout digne que le conseil était de cette confiance, il devait se retirer, employer le seul moyen qui restât de sauver le peuple : remettre au peuple le pouvoir.

Remettre au peuple le pouvoir ? Comment fallait-il entendre ce mot ? Cela signifiait-il qu’il fallait laisser le peuple faire les nouvelles élections, commencées selon le décret et sous l’influence de l’Assemblée ? Nullement. Robespierre venait de faire le procès de l’Assemblée même, en énumérant les manœuvres