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les sections nommeraient un nouveau conseil général de la Commune. Les vingt-quatre heures couraient du moment où le décret fut rendu (quatre heures de l’après-midi) ; il devait s’exécuter le lendemain à la même heure et dans la soirée. Mais la Commune pesait d’une telle terreur dans les sections que la plupart n’osèrent point exécuter le décret de l’Assemblée. Elles prétextèrent que le décret ne leur avait pas été notifié officiellement. Qu’arriverait-il le 1er septembre, si l’Assemblée confirmait son décret, si le combat s’engageait entre ceux qui obéiraient et ceux qui ne le voudraient pas ? L’Assemblée, dans ce cas, aurait eu un malheur, c’eût été de voir les royalistes se joindre à elle, armer pour elle peut-être, la compromettre en attendant qu’ils pussent la renverser. Victorieuse, elle était perdue, et la France peut-être avec elle.

La Commune, tout indignes qu’étaient beaucoup de ses membres par leur tyrannie, leur férocité, avait pourtant ceci en sa faveur, que jamais les royalistes ne pouvaient pactiser avec elle ; elle représentait le 10 août. Tout le monde reconnaissait, on exagérait même la part qu’elle avait prise à ce grand acte du peuple. Gloire ou crime, quelle que fût l’opinion des partis, c’est à la Commune qu’on attribuait le renversement de la royauté. Elle était, à coup sûr, une force anti-royaliste, la plus sûre contre les complots du dedans, la plus sûre contre l’étranger. Tout patriote devait bien y regarder, malgré les excès de la Commune, avant de se déclarer contre elle.