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de grands magiciens, des dieux, quand ils défont l’œuvre de Dieu. Ils trouvent beau de pouvoir exterminer d’un mot ce qui coûta tant de temps, de supprimer d’un clin d’œil l’obstacle vivant, de voir leurs ennemis disparaître sous leur souffle. Ils savourent la poésie stupide et barbare du mot : « J’ai passé, ils n’étaient plus… »

Cette classe d’hommes, sans être positivement fous furieux comme Marat, participaient plus ou moins à son excentricité ; ils se groupaient autour de lui. Ils faisaient tout l’embarras des deux politiques, de Danton et de Robespierre. Ces deux rivaux d’influence osèrent d’autant moins contredire les maratistes que celui des deux qui eût hasardé un seul mot d’objection eût donné ce parti à son rival et se fût lui-même annulé, comme absorbé dans la Gironde.

Danton, ministre de la justice, avait dans ses fonctions un prétexte, plus ou moins spécieux, pour ne point paraître à la Commune dans cette terrible crise. On va voir comme il s’effaça avant, pendant le massacre.

Robespierre, membre de la Commune et sans autre fonction, y siégeait nécessairement. Il attendit assez tard, jusqu’au soir du 1er septembre, pour se décider, embrasser le parti des violents. Mais, le pas une fois fait, il répara le temps perdu, les atteignit, les dépassa.

Le grand jour du 1er septembre devait décider entre l’Assemblée et la Commune. L’Assemblée, le 30 août, avait décrété que, dans les vingt-quatre heures,