le don des larmes : Hébert pleurait, Collot pleurait, Panis pleurait, etc. Avec cela, comme la plupart étaient des auteurs de troisième ordre, des artistes médiocres, des acteurs sifflés, ils avaient sous leur philanthropie un fonds général de rancune et d’envenimement qui, par moments, tournait à la rage. Le type du genre était Collot d’Herbois, acteur médiocre et fade écrivain, auteur moral et patriotique, homme sensible, s’il en fût, toujours gris et souvent ivre, noyé de larmes et d’eau-de-vie. On sait son ivresse de Lyon, la poésie d’extermination qu’il chercha dans les mitraillades, jouissant (comme cet autre artiste, Néron) de la destruction d’une ville. Relégué à Sinamary, essayant d’augmenter la dose d’eau-de-vie et d’émotion, il finit dignement sa vie par une bouteille d’eau-forte.
Tous n’étaient pas à ce niveau ; mais tous, dans cette classe d’artistes, voulaient, selon le génie du drame, pousser la situation jusqu’où elle pouvait aller. Il leur fallait des crises rapides et pathétiques, surtout des changements à vue. La mort, sous ce dernier rapport, semble chose d’art et saisissante. La vie semble moins artiste, parce que les changements y sont lents et successifs. Il faut des yeux et du cœur pour voir et goûter les lentes transitions de la vie, de la nature qui enfante. Mais, pour la destruction, elle frappe l’homme le plus médiocre. Les faibles et mauvais dramaturges, les rhéteurs impuissants qui cherchent les grands effets, doivent se plaire aux destructions rapides. Ils se croient alors