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nationale. Il eût fallu que la bonne et saine partie du peuple, incomparablement plus nombreuse, fut rassurée, encouragée par des hommes d’un nom populaire. Qui n’eût suivi Robespierre et Danton, si tous deux, dans cette crise, rapprochés et ne faisant qu’un pour sauver l’honneur de la France, avaient proclamé que le drapeau de l’humanité était celui de la patrie ?

Observons-les bien en face, ces deux chefs de l’opinion, dont l’autorité morale s’effaça, en présence du honteux événement.

Celle de Robespierre, il faut le dire, était quelque peu ébranlée. La France entière avait voulu la guerre ; Robespierre avait conseillé la paix. La guerre au roi, l’insurrection n’avait nullement été encouragée par lui ; il avait protesté se renfermer dans les limites de la constitution. Le comité insurrectionnel du 15 août s’était un moment réuni dans la maison même où demeurait Robespierre, et il n’avait point paru. Nommé accusateur public près de la haute cour criminelle, il avait décliné ce triste et périlleux honneur, sous prétexte que les aristocrates, si longtemps dénoncés par lui, étaient ses ennemis personnels, et qu’à ce titre ils auraient droit de le récuser. Le Moniteur l’avait désigné comme le conseil de Danton au ministère de la justice ; qu’y avait-il fait ? Il siégeait comme membre du conseil général de la Commune. Et là même, sauf un discours à l’Assemblée nationale, on ne voyait pas assez la trace de son activité.