Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des inconnus, sans mandat, sans mission, par de zélés patriotes, dévoués, de bonne volonté, qui n’avaient nul autre titre. Ils allaient chez les suspects (et tout riche était suspect), faisaient des saisies, des inventaires, prenaient des armes précieuses ou autres objets qui, disaient-ils, étaient d’utilité publique.

Un fait étonnant de ce genre fut révélé à l’Assemblée. Un quidam, se disant membre de la Commune, se fait ouvrir le Garde-Meuble, et, voyant un canon d’argent, donné jadis à Louis XIV, le trouve de bonne prise, le fait emporter. Cambon, l’austère gardien de la fortune publique, s’éleva avec indignation contre un tel désordre et fit venir à la barre l’homme qui faisait un tel usage de l’autorité de la Commune. L’homme vint, il ne nia point, ne s’excusa point, dit froidement qu’il avait pensé que cet objet courait quelque risque ; que d’autres auraient bien pu le prendre ; que, pour éviter ce malheur, il l’avait emporté chez lui.

L’Assemblée n’en voulut pas davantage. Un tel fait parlait assez haut. Une section, celle des Lombards, présidée par le jeune Louvet, avait déclaré que le conseil général de la Commune était coupable d’usurpation. Cambon demanda et fit décréter par l’Assemblée nationale que les membres de ce conseil représentassent les pouvoirs qu’ils tenaient du peuple : « S’ils ne le peuvent, dit-il, il faut les punir. » Le même jour, 30 août, à cinq heures du soir, l’Assemblée, sur la proposition de Guadet, décida que le président