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qu’elle ne voulait point d’intermédiaire entre elle et l’Assemblée, qu’elle ne tolérerait pas un directoire de Paris, ajoutant cette menace : « Sinon il faudra que le peuple s’arme encore de sa vengeance. » L’Assemblée avait honte de révoquer son décret ; Lacroix trouva un moyen de reculer honorablement, on décida qu’il y aurait un directoire, mais qu’il ne dirigerait rien, se réduisant à surveiller les contributions.

La Commune, il faut le dire, avait placé la dictature dans les mains les plus effrayantes, non dans celles des hommes du peuple, mais dans celles de misérables scribes, des Hébert et des Chaumette. Elle confia à ce dernier l’étrange pouvoir d’ouvrir et fermer les prisons, d’élargir et d’arrêter. Elle prit à ce sujet une autre décision, infiniment dangereuse, celle d’afficher aux portes de chaque prison les noms des prisonniers. Ces noms, lus et relus sans cesse du peuple, étaient pour lui une constante excitation, un appel à la violence, comme une titillation de toutes les envies cruelles ; ils devaient avoir cet effet de les rendre irrésistibles. Pour qui connaît la nature, une telle affiche était une fatalité de meurtre et de sang.

Ce n’est pas tout, l’étrange dictature, loin de s’inquiéter de la vie de tant de proscrits, ne craignit pas d’en faire d’autres, de dresser des tables. Elle fit imprimer les noms des électeurs aristocrates de la Sainte-Chapelle. Elle décida que les vendeurs d’argent seraient punis de la peine capitale. Rien ne