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Le 28 août au soir, Danton se présenta dans l’Assemblée et réclama la grande et indispensable mesure des visites domiciliaires. Dans un si extrême péril, lorsqu’une armée royaliste, on ne peut dire autrement, était dans Paris, nous périssions, sans nul doute, si nous ne leur faisions sentir fortement sur eux la main de la France. Il fallait que cette masse ennemie, très forte matériellement, devînt moralement faible, qu’elle fût paralysée, fascinée, que chacun tremblât, voyant sur sa tête la Révolution, l’œil ouvert et le bras levé. Il fallait que la Révolution sût tout, dans un tel moment, qu’elle pût dire : « Je sais les ressources, je sais les obstacles, je sais où et quels sont les hommes, et je sais où sont les armes. » — « Quand la patrie est en danger, dit très bien Danton, tout appartient à la patrie. » Et il ajoutait : « En autorisant les municipalités à prendre ce qui est nécessaire, nous nous engagerons à indemniser les possesseurs. » — « Chaque municipalité, dit-il encore à l’Assemblée, sera autorisée à prendre l’élite des hommes bien équipés qu’elle possède. » Et en même temps il proposa à la Commune d’enregistrer les citoyens nécessiteux qui pouvaient porter les armes et de

    permette seulement de donner ici, sur lui, le jugement d’un homme grave, qui est précisément le nôtre. Un jeune homme, qui venait d’Arcis-sur-Aube, pays de Danton, y avait entendu conter plusieurs faits honorables à sa mémoire ; se trouvant à Paris, chez M. Royer-Collard, il se hasarda à dire devant l’orateur royaliste : « Il me semble pourtant que ce Danton eut une âme généreuse… — Monsieur, dites magnanime », dit Royer-Collard. — (Je tiens ce mot de notre illustre Béranger.)