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CHAPITRE V

MADAME ROLAND.


Voyage des Roland à Paris. — Mérite de Roland. — Sa femme travaille pour lui. — Beauté et vertu de Madame Roland. — Son émotion au spectacle de la Fédération, en juillet 1790. — Sa passion, sa sagesse, octobre 1790. — Sa passion se transforme. — Elle arrive à Paris, février 1791. — Puissance de son impulsion. — Elle trouve la plupart des meneurs politiques déjà fatigués. — Sa fraîcheur d’esprit, sa force et sa foi, juin-juillet 1791.


Pour vouloir la république, l’inspirer, la faire, ce n’était pas assez d’un noble cœur et d’un grand esprit. Il fallait encore une chose… Et quelle ? Être jeune, avoir cette jeunesse d’âme, cette chaleur de sang, cet aveuglement fécond qui voit déjà dans le monde ce qui n’est encore qu’en l’âme, et qui, le voyant, le crée… Il fallait avoir la foi.

Il fallait une certaine harmonie, non seulement de volonté et d’idées, mais d’habitudes et de mœurs républicaines ; avoir en soi la république intérieure, la république morale, la seule qui légitime et fonde la république politique ; je veux dire posséder le gouvernement de soi-même, sa propre démocratie, trouver sa liberté dans l’obéissance au devoir… Et