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blique (comme chose publique), il fait semblant de croire que république ne signifie aucune forme de gouvernement.

Pétion, très positivement républicain, et qui avait professé la république dans la voiture même de Louis XVI, croyait pourtant que le moment n’était pas venu de se prononcer. Un jour que plusieurs personnes étaient réunies chez lui pour savoir ce qu’on proposerait relativement au roi, Pétion, pour se dispenser de parler, jouait de son violon.

Brissot, qui était présent, se fâcha, lui fit honte de cette indifférence apparente. Mais lui-même il ne s’avançait pas précipitamment. Le 23 juin, il se contente encore de copier, dans son Patriote, les articles des autres journaux ; il promet de donner son avis plus tard. Le 26 même, il se fâche, s’emporte contre Lameth, qui l’accuse de propager la république, d’avoir envoyé des courriers pour solliciter des adresses républicaines. Il agit déjà sans doute, mais ne veut paraître agir. Le 27, son jeune ami, Girey-Dupré, livré entièrement à lui, mais plein d’audace et d’élan, demande expressément aux Jacobins « qu’on fasse le procès au roi ». Le 1er juillet seulement, Brissot demande dans son journal la destitution de Louis XVI.

Brissot attendait La Fayette, il le croyait républicain. Il avait reçu de lui la promesse d’aider pécuniairement et répandre son journal. Il excusait la réunion momentanée de La Fayette aux Lameth par le danger de la crise, la nécessité de concentrer