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réclament ici la grande initiative, prétendent avoir fait le 10 août.

« C’est moi », dit plusieurs fois Danton. Sans doute, il y contribua, mais bien moins par son action immédiate que par l’élan qu’il donna ou augmenta, longtemps d’avance, par son influence sur la Commune, sur Manuel, sur Sergent et autres, peut-être sur Pétion même.

« C’est moi, dit Thuriot (le 17 mai 1793), qui, avant le 10 août, ai marqué, préparé l’instant où il fallait exterminer les conspirateurs. »

« C’est moi, dit encore Carra, qui, réuni au directoire insurrectionnel, le 4 août, au Cadran-Bleu, écrivis le plan de l’insurrection. Nous nous rendîmes de là chez Antoine, rue Saint-Honoré, vis-à-vis l’Assomption, dans la maison où demeure Robespierre. Son hôtesse fut si effrayée qu’elle vint demander à Antoine s’il voulait faire égorger Robespierre. À quoi Antoine répondit : « Si quelqu’un doit être égorgé, ce sera nous ; pour Robespierre, qu’il se cache. »

Barbaroux, tout en avouant que le 10 août fut l’effet d’un mouvement irrégulier que préparèrent une foule d’hommes, se donne pourtant bonne part dans la direction du mouvement. Lui aussi, il a tracé le plan de l’insurrection. Cette pièce importante, qui eût pu tout révéler, il avoue qu’il la laissa dans la poche d’un vêtement d’été, et qu’avec ce vêtement, le plan, pendant plusieurs jours, alla chez la blanchisseuse.