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les gardes nationaux les plus dévoués, compter les bataillons suisses, cette milice brave et fidèle, compter les restes de la garde constitutionnelle (nous l’avons vu, des Murat, des La Rochejaquelein), compter la noblesse française, ainsi se nommaient eux-mêmes les gentilshommes qui s’engageaient à défendre le château. D’Hervilly, leur chef, était une épée connue ; il avait formé, recruté un petit corps redoutable, composé uniquement de maîtres d’armes qu’il éprouvait lui-même et de spadassins.

Oui, il y avait lieu de songer. Si l’insurrection venait se faire prendre, écraser au traquenard des Tuileries, l’Assemblée elle-même était frappée à mort et perdait la force légale, qui jusqu’ici était dans ses mains. Si elle pouvait, de cette force, vaincre sans combat, pousser le roi de proche en proche à remettre le pouvoir aux ministres patriotes, pourquoi livrer la grande cause au hasard d’un petit combat, aux chances d’une surprise, d’une panique peut-être, d’un irréparable revers ?

Telles furent les pensées de la Gironde. L’ambition y fut pour quelque chose sans doute. Mais, l’ambition même à part, il faut reconnaître qu’il y avait bien lieu d’hésiter. Disons aussi qu’à cette grande époque, à ce rare moment de patriotisme enthousiaste, l’égoïsme et l’intérêt personnel, sans disparaître entièrement, furent tout à fait secondaires dans les résolutions des hommes. Il faut rendre cette justice alors aux hommes de tout parti.

Le 26 juillet, Brissot avait avoué le motif, fort