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sous prétexte de les envoyer à l’armée des Alpes, qui couvrait la Provence.

Rien n’empêchait le royalisme de profiter de cette désorganisation. Dans les montagnes les plus inaccessibles du Languedoc, dans ce pays de pierre, l’Ardèche, sans voies ni routes, voici qu’apparaît un lieutenant général des princes, gouverneur du bas Languedoc et des Cévennes. Il a, dit-il, fait vérifier ses pouvoirs par la noblesse du pays, pour gouverner pendant la captivité du roi. Il ordonne à toutes les anciennes autorités de reprendre leurs places, d’arrêter les nouveaux fonctionnaires, tous les membres des clubs. Il arme les paysans, assiège Jalès et autres châteaux.

On regarde au Midi. Et derrière l’Ouest commence à prendre feu. Un paysan, Allan Redeler, publie, à l’issue de la messe, que les amis du roi auront à se rendre en armes près d’une chapelle voisine. Cinq cents y vont du premier coup. Le tocsin sonne de village en village. L’incendie gagnait la Bretagne, si Quimper, sans perdre un moment, n’eût arboré le drapeau rouge, marché avec du canon, écrasé ce premier essai de guerre civile. Le paysan rentra, mais sombre, implacable, altéré de combat, d’embuscades nocturnes, de coups fourrés, de sang. La chouannerie fut dès lors dans les cœurs.

En général, dans le royaume, les directoires des départements étaient Feuillants ou Fayettistes, convertis à la royauté. Les municipalités, plus révolutionnaires, soutenaient contre les directoires, avec l’aide