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pour la Gironde, si au parti de l’élan il eût joint les forces du parti modéré, il est douteux qu’on eût eu besoin du parti de la terreur.

La cour n’ignorait nullement tout ceci. Sans vouloir employer La Fayette ni dépendre de lui, elle se sentait comme adossée à son armée des Ardennes, et sa confiance en augmentait. On voyait bien que l’Assemblée était flottante et vacillante, fort inquiète de l’effet que la violence du 20 juin allait produire sur les esprits. Cette crainte parut le 21 ; elle décida par un décret qu’aucune réunion de citoyens armés ne pourrait désormais se présenter à sa barre, ni devant aucune autorité constituée ; s’écartant de la conduite qu’elle avait tenue jusque-là, rétractant l’encouragement qu’elle avait donné au 20 juin par l’accueil fait aux pétitions qui annonçaient le mouvement.

L’Assemblée reculait ainsi ; la cour avançait. Le 21, au matin, Pétion s’étant présenté aux Tuileries avec Sergent et autres municipaux, il reçut une avanie ; les gardes nationaux du bataillon des Filles-Saint-Thomas l’accablèrent d’injures et de menaces ; l’un d’eux porta la main sur Sergent, malgré son écharpe, et le souffleta si rudement qu’il tomba à la renverse. Des députés, Duhem et autres, ne furent guère mieux traités, au jardin des Tuileries, par des chevaliers de Saint-Louis ou des gardes constitutionnels. Un homme y fut arrêté pour avoir crié : « Vive la nation ! »

Ce n’est pas tout, on crut pouvoir, dans cet affai-