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Leurs maîtres, qui les instruisirent et disciplinèrent leur enthousiasme, qui marchèrent devant eux comme une colonne de feu, c’étaient les sous-officiers ou soldats de l’ancienne armée, que la Révolution venait de jeter en avant, ses fils qui n’étaient rien sans elle, qui par elle avaient déjà gagné leur plus grande bataille, la victoire de la liberté. Génération admirable, qui vit en un même rayon la liberté et la gloire, et vola le feu du ciel.

C’était le jeune, l’héroïque, le sublime Hoche, qui devait vivre si peu, celui que personne ne put voir sans l’adorer. — C’était la pureté même, cette noble figure virginale et guerrière, Marceau pleuré de l’ennemi. — C’était l’ouragan des batailles, le colérique Kléber, qui, sous cet aspect terrible, eut le cœur humain et bon, qui dans ses notes secrètes plaint la nuit les campagnes vendéennes qu’il lui faut ravager le jour. — C’était l’homme de sacrifice, qui voulut toujours le devoir, et la gloire pour lui jamais, qui la donna souvent aux autres, et même aux dépens de sa vie, un juste, un héros, un saint, l’irréprochable Desaix.

Et puis, après ces héros, arrivent les ambitieux, les avides, les politiques, les redoutés capitaines, qui plus tard ont cherché fortune avec ou contre César. L’épée la plus acérée, l’âpre Piémontais Masséna, avec son profil de loup. Des rois ou gens propres à l’être, des Bernadotte et des Soult. Le grand sabre de Murat.

Puis une glorieuse foule, où chaque homme en