caractérise fondamentalement, quoi ? L’action, comme dit un Ancien ; quoi encore ? L’action. Et l’action, pour troisième élément.
Nous l’avons vu jusqu’ici se ménager habilement, faire aux moments douteux ce tour de force de paraître le plus énergique, sans prendre aucune téméraire initiative. Dans les clubs, par-devant la tactique et la méfiance jacobine, et même aux Cordeliers, où il était chez lui, Danton hasardait peu, il n’avait pas confiance entière, il contenait la meilleure partie de son audace ; il n’y avait pas là assez d’espace, il ne respirait pas suffisamment ; les voûtes les plus vastes ne contenaient point sa voix, l’air manquait à sa vaste poitrine. Il lui fallait ce club, cette salle, cette voûte, qui, de la barrière du Trône, s’étend jusqu’à la Grève, de là aux Tuileries, et, pour soutenir sa voix, le canon, le tocsin.
La reine, chose piquante, avait mis Danton à l’Hôtel de Ville. Ce fut elle, on l’a vu, qui, en haine de La Fayette, fit voter les royalistes, aux élections municipales, pour Pétion, dont le succès entraîna celui de Manuel et de Danton. Danton, devenu substitut du procureur de la commune, se trouva recevoir, pour ainsi dire, des mains du royalisme les armes dont il devait percer la royauté. La commune de Paris fut dès lors la machine, la pièce d’artillerie dont il joua sans se montrer encore. Il avait dans le grand conseil de la commune, dans le conseil municipal, une minorité très ardente, dont il pouvait s’aider.