l’Europe conjurée. L’heure venue, le bon sens du peuple, l’instinct du salut, la nécessité de la situation, décidèrent tout à coup l’événement.
La part des influences individuelles ne fut pas très grande au 20 juin. Elle le fut toutefois, nous le croyons, plus qu’au 10 août. Dans le premier ébranlement, les hommes purent influer encore. Mais, l’élan une fois donné, le crescendo terrible de la colère nationale ayant pris son cours nécessaire, le 10 août arriva, fatal, rapide, en ligne droite, lancé comme un boulet.
Il ne faut pas s’exagérer la faible part qu’aurait pu avoir au 20 juin le duc d’Orléans. Son homme, Sillery, en fut-il ? On l’a dit, et, je crois, à tort. Son argent y eut-il part ? Cela n’est pas invraisemblable. Il venait d’essayer de se rapprocher de la cour, et il avait été repoussé, insulté. Quelque argent put être donné par Santerre et autres meneurs, en boissons et en vivres, dans les cabarets, qui furent, comme toujours, les foyers de l’insurrection.
On a encore imaginé de faire venir aux conciliabules préparatoires de l’insurrection Marat et Robespierre. Mais d’abord jamais ces deux hommes n’agirent ensemble (sauf au 31 mai). Marat estimait, méprisait Robespierre, comme un parleur, un pauvre homme de bien, nullement à cette hauteur d’audace qui caractérise le grand homme d’État, n’entendant rien aux grands remèdes, la corde et le poignard.
Marat n’agit pas au 20 juin. On n’y voit pas la main sanglante. Robespierre, loin d’agir, y fut tout