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le centre d’action, le chef, le véritable général de la contre-révolution.

Ce n’était pas, comme on l’a tant dit, une simple question de conscience, celle d’un individu, sans responsabilité, qui eût à se consulter, lui tout seul, entre soi et soi. C’était le premier magistrat du peuple qui restait ou cessait d’être le chef d’une conspiration permanente contre le peuple. Si sa conscience lui commandait la ruine et la mort du peuple, son devoir était d’abdiquer.

Les Feuillants, devenus tous royalistes et dévoyés du bon sens par l’excès de l’irritation, ne contribuèrent pas peu à encourager sa résistance insensée. Ils défendaient le fanatisme au nom de la philosophie ; c’était, disaient-ils, affaire de tolérance, de liberté religieuse, — tolérance des conspirateurs et liberté des assassins. — Le sang coulait déjà dans plusieurs provinces, spécialement en Alsace. Simon (de Strasbourg) affirma que déjà plus de cinquante prêtres constitutionnels avaient été égorgés, soixante de leurs maisons saccagées, leurs champs dévastés, etc.

Le refus obstiné du roi d’abandonner le clergé ennemi de la constitution, l’encouragement tacite qu’il donnait aux prêtres rebelles de résister, de persécuter les prêtres soumis, équivalait à un persévérant appel à la guerre civile. On pouvait dire qu’elle avait son drapeau sur les Tuileries, visible à toute la France.

Le roi, tout captif qu’il était, voyait encore autour