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Brissac s’explique peut-être en partie par l’insolence d’un député, le colonel de Jaucourt, qui, pendant qu’on décrétait, alla menacer Chabot, sur son banc, de lui donner cent coups de bâton. L’Assemblée crut devoir imposer aux militaires, leur faire sentir sur eux la pesante main de la loi.

L’attitude menaçante du peuple et des sections, qui vinrent à la barre demander de se constituer en permanence, donna beaucoup à réfléchir aux capitans du royalisme. Point ne soufflèrent contre le décret. Ils quittèrent leurs portes, mirent bas l’habit bleu ; mais ce ne fut point du tout pour abandonner la partie ; plusieurs d’entre eux prirent l’habit rouge et continuèrent de se promener dans Paris, armés jusqu’aux dents, sous l’uniforme des Suisses.

Au moment où la Gironde frappait ainsi la royauté, elle était elle-même frappée violemment aux Jacobins. Robespierre y faisait un effort désespéré pour lui ôter ce qu’elle gagnait de popularité par le licenciement de la garde du roi. Il prononça, le 27, une solennelle accusation contre Brissot, Condorcet, Guadet, Gensonné, etc. Il les accusa de donner les places. Il les accusa d’abandonner partout la cause des patriotes, celle des soldats licenciés, celle des massacreurs d’Avignon, etc. Il les accusa d’être d’accord avec les Feuillants, avec Narbonne, La Fayette et la cour. Le tout assaisonné de cette meurtrière, perfide, pateline accusation : « Vous connaissez cet art des tyrans de provoquer un peuple, toujours juste et bon, à des mouvements irréguliers, pour