Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/445

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui, dans l’invasion, un embarras, un témoin, un compagnon incommode. Au contraire, dans le plan qu’on offrait au nom du roi, la France noble étant écartée et la France populaire n’étant pas organisée, l’étranger était à l’aise ; nul grand obstacle probable ; le royaume lui était ouvert à discrétion.

Quel était le plan de la guerre, dans la pensée de celui qui la préparait, Dumouriez ? C’était, par la Révolution, de conquérir ou délivrer un pays déjà en révolution, les Pays-Bas autrichiens, réduits à peine par l’Empereur, mal contenus, frémissants. Dumouriez employait deux vieux généraux aux deux ailes de la bataille, Luckner à garder la Franche-Comté, Rochambeau à garder la Flandre. Ces corps secondaires devaient inquiéter Luxembourg, y porter toute l’attention. Mais tout à coup La Fayette, qui avait l’armée du centre, descendant vivement la Meuse, poussant de Givet à Namur, s’appuyant bientôt d’un corps que Rochambeau enverrait de Flandre sous le général Biron, enlèverait Namur, atteindrait Bruxelles, où la Révolution belge accueillerait à bras ouverts son libérateur.

Dumouriez a raison de dire que, dans son plan, La Fayette avait le beau rôle : il était l’avant-garde de l’invasion, il en avait la première gloire, les premiers résultats, immenses et faciles ; dans la situation où semblait la Belgique, il avait l’insigne bonheur de conquérir un pays qui voulait être conquis. Les résultats à l’intérieur pou-