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le néant. Les feux de la discorde s’éteindront aux feux du canon et devant les baïonnettes. »

« Oui, votons, dit le vaillant Merlin (de Thionville), votons la guerre aux rois et la paix aux nations. »

L’Assemblée se leva tout entière ; il n’y eut que sept membres qui restèrent assis. Parmi un tonnerre d’applaudissements, elle vota la guerre à l’Autriche.

Condorcet lut une belle et humaine déclaration de principes que la France faisait au monde. Elle ne voulait nulle conquête, elle n’attaquait la liberté d’aucun peuple. Ce mot passa dans le décret.

Orateur généralement froid, Condorcet, animé ici par la grandeur des circonstances, eut un mouvement très beau au sujet du reproche de faction que les rois faisaient à la France : « Et qu’est-ce donc qu’une faction qu’on accuse d’avoir conspiré pour la liberté universelle ?… C’est l’humanité tout entière qu’ils appellent une faction. »

Vergniaud proposait encore une grande réunion fraternelle, à l’instar des fédérations de 1790, où tous jureraient de mourir ensemble sous les ruines de l’Empire plutôt que de sacrifier la moindre des conquêtes de la liberté. Ainsi la France, attendant la mort ou la victoire, serait venue une dernière fois, tout entière, se serrer la main. « Moments augustes ! dit-il, quel est le cœur glacé qui n’y palpite, l’âme froide qui, par l’acclamation de la joie de tout un peuple, ne s’élève jusqu’au ciel,