Le 22, vers neuf heures du soir, un grand bruit se fait autour de l’Assemblée ; puis une voix, un coup de tonnerre : « Il est arrêté ! » Peu s’en réjouirent. Tels qui applaudirent le plus, pour se conformer aux sentiments des tribunes, n’en sentaient pas moins les embarras immenses que cet événement préparait.
Le lendemain 23, l’inquiétude de l’Assemblée, le désir général parmi ses membres de sauver la royauté, se formula dans un décret voté sur la proposition de Thouret : « L’Assemblée déclare traîtres ceux qui ont conseillé, aidé ou exécuté l’enlèvement du roi, ordonne d’arrêter ceux qui porteraient atteinte au respect dû à la dignité royale. » La royauté, la personne royale, se trouvait être ainsi innocentée, garantie.
Robespierre dit que la seconde partie du décret était inutile, et la première incomplète ; qu’on n’y parlait que des conseillers, que le devoir des représentants les obligerait d’agiter une question plus importante. Un frémissement de l’Assemblée l’avertit qu’il en disait trop.
Un grand mouvement du peuple, décisif contre la royauté, était fort probable. Le 23 juin, de bonne heure, le faubourg Saint-Antoine s’agitait, s’ébranlait. Les constitutionnels trouvèrent moyen d’exploi-
les associer, ces hommes si maltraités, de les employer près du roi, de même qu’on employait La Fayette près du peuple de Paris. Dans la journée du 22, on parlementait avec eux, on prenait heure pour conférer le lendemain. Telles étaient en effet les prévisions naturelles ; si le roi n’était pas arrêté, s’il fallait traiter avec lui dans le camp des armées étrangères, les Monarchiens, Malouet, étaient l’intermédiaire naturel ; si le roi était arrêté, Lameth et Barnave se flattaient d’être ses sauveurs, ses confidents, ses conseillers obligés. Voir Droz, ici important ; il suit les Mémoires inédits de Malouet.