dans la Constituante, que la Législative serait faible et pâle. Et voilà que cette France inépuisable venait de lancer une légion d’hommes ardents et énergiques, dont plusieurs égalaient, tout au moins, leurs devanciers ; génération éminemment jeune, toute fraîche d’impression, tout entière de passion. De sorte qu’au moment où Robespierre croyait avoir gravi le faîte, un mont nouveau, pour ainsi dire, se trouvait dressé devant lui. Il ne se découragea pas et recommença l’escalade avec une force de persévérance que personne n’eût eue peut-être. Malheureusement cette passion, qui faisait sa force, creusa aussi dans son cœur des abîmes de haine inconnus.
Il n’était que trop facile d’attaquer les Girondins. Nul parti plus léger en paroles, nul dans les actes, plus inquiet, plus remuant, plus prompt à se compromettre. Aucun d’eux n’avait de génie, à moins qu’on n’applique ce mot aux facultés oratoires, vraiment sublimes, de Vergniaud. L’homme actif du parti, Brissot, était un personnage fort aisément attaquable. Sans parler des précédents assez tristes de sa vie d’homme de lettres, comme politique, il fatiguait le public et l’opinion de l’excès de son activité. Brissot allait, Brissot venait, Brissot écrivait, parlait, faisait donner toutes les places ; toujours et dans tout, Brissot. Il n’était pas incapable des grandes choses, mais il se mêlait aussi volontiers d’une infinité de petites. Désintéressé pour lui-même, il était insatiable pour son parti, avait l’ardeur et l’intrigue d’un capucin pour son couvent. Brissoter