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dans les affaires religieuses. Les prêtres qui se mariaient étaient cruellement poursuivis. L’Assemblée n’avait passé à l’ordre du jour sur le mariage des prêtres qu’en disant que : « La chose n’ayant rien de contraire aux lois, il était superflu de statuer expressément là-dessus. »

C’était une approbation muette, indirecte. Deux curés en jugèrent ainsi, se marièrent, et l’on vit le peuple ameuté, l’on vit les magistrats municipaux, à la tête du peuple, les chasser violemment, ignominieusement de leur cure. En revanche, les patriotes de je ne sais quel endroit, furieux d’un enterrement accompli par un réfractaire, voulaient déterrer le mort pour le faire bénir au nom de la loi.

Dans Paris, la lutte semblait imminente, le sang bien près de couler. La cour avait trouvé moyen de se créer une armée. Je parle de la garde constitutionnelle du roi qu’avait autorisée l’Assemblée constituante, mais qu’on avait rendue très nombreuse et redoutable. Elle devait être de dix-huit cents hommes, et elle fut de près de six mille. L’Assemblée avait donné au roi maison civile, maison militaire ; la dernière seulement fut organisée. C’était une arme sur laquelle la reine se jeta avidement. « Votre Majesté, lui disait Barnave, est comme le jeune Achille qui se dévoila lui-même, quand on offrit à son choix l’épée et les joyaux de femmes ; il se saisit de l’épée. »

Ce n’était pas une garde de parade comme on se l’était figuré. Elle fut recrutée soigneusement, homme