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à l’étourdie, embarqué dans cette sottise. À la légère, il se laissa envoyer en Angleterre par la petite coalition. Il fut à peine reçu : partout on lui tourna le clos.

Qui ne voyait derrière ce parti mixte, impuissant, venir l’ardente Gironde ? Celle-ci n’avait pas eu la peine de rêver, d’inventer la guerre. Elle était fille de la guerre, c’est la guerre qui l’avait nommée. Elle arrivait bouillonnante, sur la vague belliqueuse du grand océan de la Révolution, impatient de déborder. Madame de Staël avait son talent et son intrigue, son salon européen, et surtout anglais, les débris de la Constituante et feu M. de La Fayette. La Gironde avait l’élan, l’impulsion immense des six cent mille volontaires qui allaient se mettre en marche ; elle avait ses machines populaires dont elle battait à la fois les Feuillants et les Jacobins ; je parle surtout de la fabrication des piques, et du bonnet rouge, qu’elle inventa en décembre.

La Gironde laissait aller les Feuillants, Madame de Staël et Narbonne ; elle les favorisait de ses vœux, trouvait très bon qu’ils travaillassent pour elle. Cette épée, une fois tirée, qui la manierait, sinon la Gironde ? Elle comptait en faire double usage, contre le roi, contre les rois, d’un revers abattre le trône, et la pointe, la porter à la gorge de l’ennemi du dehors, qui par derrière à ce moment verrait les peuples soulevés.

La cour avait une peur effroyable de la guerre, nous le savons maintenant de la manière la plus