livrer ses armées, ouvrir ses frontières, anéantir sa révolution.
Robespierre, désintéressé lui-même (sinon de haine et d’orgueil), défendit ces intérêts.
D’abord favorable à la guerre, il avait paru sentir qu’elle était le mouvement naturel et spontané de la Révolution. Puis, sous une autre influence, il parvint à se persuader que cette grande chose était l’effet d’une intrigue.
Voici, en réalité, la part exacte que l’intrigue avait en ceci.
Madame de Staël, fille de Necker, née dans cette maison de sentimentalité, de rhétorique et d’emphase, de larmes faciles, avait de grands besoins de cœur, en proportion de son talent. Elle cherchait d’amour en amour, parmi les hommes du temps, à qui elle donnerait ce cœur ; elle aurait voulu un héros ; n’en trouvant pas, elle compta sur le souffle puissant, chaleureux, qui était en elle, et elle entreprit d’en faire un.
Elle trouva un joli homme, roué, brave, spirituel, M. de Narbonne. Qu’il y eût peu ou beaucoup d’étoffe, elle crut qu’elle suffirait, étant doublée de son cœur. Elle l’aimait surtout pour les dons héroïques qu’elle voulait mettre en lui. Elle l’aimait, il faut le dire aussi (car elle était une femme), pour son audace, sa fatuité. Il était fort mal avec la cour, mal avec bien des salons. C’était vraiment un grand seigneur, d’élégance et de bonne grâce, mais mal vu des siens, d’une consistance équi-