Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/368

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il descendit, et un froid pesant retomba sur l’Assemblée. Le paralytique Couthon, se soulevant de sa place, demanda l’ordre du jour. La société était si docile, si parfaitement disciplinée, qu’au grand étonnement de la Gironde, elle vota l’ordre du jour.

C’était ce dernier parti qui, trois mois durant, avait presque toujours, par Brissot, Fauchet, Condorcet, Isnard, Grangeneuve, présidé les Jacobins. Sa chaleur et son élan avaient, en quelque sorte, ravi la société hors d’elle-même. En réalité, il lui était extérieur et étranger, d’un génie essentiellement contraire ; il n’y pouvait avoir racine.

La dissidence profonde éclata sur la question de la guerre. La Gironde voulait la guerre extérieure ; les Jacobins, la guerre aux traîtres, aux ennemis du dedans. La Gironde voulait la propagande et la croisade ; les Jacobins, l’épuration intérieure, la punition des mauvais citoyens, la compression des résistances par voie de terreur et d’inquisition.

Leur idéal, Robespierre, exprimait parfaitement leur pensée quand il dit, ce même soir (18 décembre 1791) : « La défiance est au sentiment intime de la liberté ce que la jalousie est à l’amour. »

Nous avons perdu de vue, depuis quelque temps, ce sombre personnage. Membre de la Constituante, il se trouvait par cela même exclu de la Législative. Il venait de passer deux mois à Arras. Dans ce court voyage, le seul moment de rafraîchissement d’esprit qu’il ait eu avant la mort, Robes-