Le 2 novembre, sur des plaintes nouvelles, le jeune et ardent Ducos demanda, obtint que l’Assemblée déclarât qu’elle ne regardait pas les réponses du ministre comme suffisantes et qu’elle voulait que tous les huit jours il lui rendît compte. L’administration de la guerre allait se trouver bientôt transportée du cabinet et du conseil dans les comités de l’Assemblée.
Les deux grandes discussions sur les émigrés et les prêtres se ressentirent fort de cet état de méfiance et d’irritation croissante. Le crescendo est curieux, facile à marquer.
Le 20 octobre, on l’a vu, Brissot se contentait encore d’une triple imposition sur les biens des émigrés. Le 25, Condorcet, plus sévère, voulait qu’on mît un séquestre universel sur leurs biens et qu’on exigeât d’eux le serment civique. Mais Vergniaud, Isnard, répondant mieux à la pensée du moment, déclarèrent ces mesures insuffisantes. Que signifiait, en effet, de demander un serment légal à des ennemis armés ?
Ce fut le premier jour où ces puissantes voix, organes magnifiques et terribles de l’indignation publique, commencèrent à maîtriser l’Assemblée. Elle retrouva dans Vergniaud les moments nobles et solennels de Mirabeau, la majesté de son tonnerre, sinon les éclats de sa foudre. Mais si l’accent de Vergniaud était moins âpre et moins vibrant, la dignité, l’harmonie de sa parole, exprimaient celles d’une âme bien autrement équilibrée et qui