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Mulot, supposant apparemment qu’il allait leur donner des troupes.

La foule cependant affluait aux Cordeliers, femmes et hommes, artisans des confréries, portefaix et paysans, les blancs et les rouges, tous criant qu’ils ne s’en iraient jamais tant que la municipalité, son secrétaire Lescuyer, ne leur auraient rendu compte.

Il y avait dans l’église douze ou quinze soldats de l’armée de Jourdan, qui avaient cru probablement empêcher le trouble, qui regardaient et ne bougeaient ; leur vie tenait à un fil. La foule en envoya quatre pour appréhender Lescuyer, le forcer de venir ; on le trouva dans la rue, qui allait se réfugier à la municipalité, et on l’amena au peuple. Il monta en chaire, ferme et froid d’abord : « Mes frères, dit-il, avec courage, j’ai cru la Révolution nécessaire ; j’ai agi de tout mon pouvoir… » Il allait confesser sa foi. Peut-être sa contenance digne, sa probité visible en son visage, en ses paroles, aurait ramené les esprits. Mais on l’arracha de la chaire, et dès lors il était perdu. Jeté à la meute aboyante, on le tira vers la Vierge, vers l’autel, pour qu’il y tombât comme un bœuf à assommer aux pieds de l’idole. Le cri meurtrier d’Avignon, le fatal zou ! zou ! sifflait de toute l’église sur le malheureux. Il arriva vivant au chœur et là se dégagea encore ; il s’assit, pâle, dans une stalle ; quelqu’un qui voulait le sauver lui donna de quoi écrire. Suspendre la rupture des cloches, ouvrir et montrer le Mont-de-piété, satis-