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il marche au hasard vers l’un d’eux, Goupilleau, qui, le 5, s’était prononcé nettement dans la question du trône. Il lui met le poing sous le nez et dit : « Nous vous connaissons bien… Prenez garde ! Si vous continuez, je vous fais hacher à coups de baïonnettes !… » Des huissiers accourent, indignés : mais le président, Pastoret, ne s’indigne pas ; il refuse la parole au député insulté, qui veut dénoncer le fait. Plusieurs députés insistent ; d’Ermigny, cité à la barre, en est quitte pour quelques excuses.

Cependant les royalistes, fort nombreux dans les tribunes, repaissaient leurs yeux et leur cœur de ce trône disputé, que l’Assemblée leur paraissait avoir concédé à la peur, et qui leur semblait le symbole prophétique de la défaite prochaine de la Révolution. Ils applaudissaient ce morceau de bois, sans s’inquiéter si leur joie ne devait pas être prise par l’Assemblée pour une nouvelle insulte. Un député y répondit. Le paralytique Couthon, montrant une vigueur d’initiative que son état impotent et sa figure douce ne faisaient nullement attendre, souleva la question la plus personnelle au roi, celle qui lui touchait au cœur, autant et plus que le trône ; il demanda et obtint qu’on examinât bientôt les mesures à prendre à l’égard des prêtres, relativement à la terreur que les prêtres réfractaires faisaient peser sur le clergé soumis à la loi.

Le roi entre. D’unanimes applaudissements s’élèvent. L’Assemblée crie : « Vive le roi ! » Les royalistes des tribunes, pour faire dépit à l’Assemblée,