qui se tenait là pour juger, noter les actes et les paroles, diriger par des signaux, intimider par des regards, que sait-on ? se charger peut-être, en cas de doute, d’interpréter la constitution, avec l’autorité de ceux mêmes qui l’avaient faite. Un tel comité eût, au besoin, appuyé d’une protestation le veto royal, donné au roi un faux droit d’agir contre l’Assemblée. Les constituants eux-mêmes fortifièrent ces hypothèses, en manifestant dans une question grave leur dissentiment du haut de leurs tribunes. Ils firent si bien que l’Assemblée décréta qu’il n’y aurait point de privilège, que toute tribune serait ouverte au public. Devant l’invasion d’une foule turbulente et familière, l’ombre intimidée de la Constituante s’évanouit et ne reparut plus.
Son œuvre cependant, la fameuse constitution, faisait, le 4 octobre, son entrée solennelle dans l’Assemblée législative, entourée, gardée de douze députés des plus âgés, « les douze vieillards de l’Apocalypse ». Camus, l’archiviste, n’avait pas même voulu leur confier ce trésor ; il ne le lâchait pas, le tenait dans ses pieuses mains ; il l’apporta à la tribune, le montra au peuple, comme un autre Moïse.
À ce moment, les curieux observent malicieusement comment l’Assemblée va jurer la constitution, que plusieurs de ses membres ont attaquée, et qu’elle va briser tout à l’heure. Elle jure froidement, tristement, et n’en hait que davantage la